En dépit d’une arithmétique emphatique qui confère, théoriquement, un surplus d’attrait au rendez-vous électoral de ce 12 juin 2021, la campagne électorale qui s’est terminée hier aura, peu ou prou, emballé la scène politique constantinoise.
Une sorte de dédain collectif a sanctionné les prestations des candidats et missionnaires à la promotion des listes de candidature, partis à la rencontre des électeurs potentiels.
C’est que la flopée de listes qui a atteint le nombre de 52, regroupant plus de 700 candidats en course pour les onze sésames mis en jeu pour la députation dans cette circonscription électorale, prête beaucoup plus à la déconcentration et à la désorientation des votants, notamment en raison des similitudes entre les discours de campagne dispensés et de la popularité peu évidente des postulants.
Des listes qui recèlent, pour certaines, une appartenance corporatiste à des secteurs précis tels que l’éducation, la santé, l’administration ou encore des profils connus du mouvement associatif dont la proximité avec l’administration locale est avérée.
Au nombre de 32 pour seulement une vingtaine de listes partisanes, les indépendants qui ont choisi le travail de proximité durant cette campagne, ont été parfois éconduits par des citoyens émettant des soupçons d’opportunisme chez des prétendants à la députation, ignorant à leurs dires “le b.a.-ba de la chose politique, des missions et du fonctionnement d’un Parlement”.
Beaucoup ont éprouvé, en effet, des difficultés à convaincre de leur maîtrise et de leurs aptitudes à porter les préoccupations citoyennes et à légiférer des lois engageantes pour la communauté et pour tout le pays.
D’autres, des caciques qui ont déjà consommé des cycles d’élus dans les assemblées locales et même à l’APN pour ceux qui n’ont consumé qu’une seule mandature sous des bannières partisanes, tentent, pour leur part, un recyclage inespéré en tant qu’indépendants sur des listes qu’ils ont eux-mêmes conçues et où ils se présentent, toutefois, comme chef de file au moment où l’esprit de hiérarchisation des candidatures au sein d’une même liste est abrogé par la nouvelle loi électorale.
Une disposition qui a justement donné lieu à des campagnes individuelles, menées en solo par des candidats, au détriment, parfois, de la composante de leurs propres listes.
De leur côté, les partis politiques à l’instar du FLN, du RND et d’autres formations islamistes comme le MSP, Ennahda, El-Bina… qui comptent toujours sur leur capacité de mobilisation des troupes, ont opté pour les meetings où ils n’ont forcément pas réussi à remplir les salles, prêchant un discours conciliant, focalisant leur attention sur la situation chaotique héritée du régime de l’ère Bouteflika et ignorant les vociférations de la rue et du Hirak qui réclament toujours le liberté de manifester pacifiquement et de revendiquer la légitimité populaire et un État de droit.
Il n’en demeure pas moins que la frénésie qui a gagné les permanences des candidats durant les dernières 48 heures, vouées surtout aux activités de proximité, n’a pas réussi à emballer une campagne électorale qui se termine comme elle a commencé.
En mai 2017, un désaveu populaire hautement significatif avait sanctionné les élections législatives à Constantine avec une abstention record de 76,86% du corps électoral estimé à l’époque à plus de 570 000 inscrits. Samedi prochain, ce sont plus de 607 000 votants potentiels dans cette circonscription qui seront appelés à exprimer leurs voix dans un contexte autrement plus préoccupant. Le feront-ils pour autant ? Attendons pour voir.
Kamel GHIMOUZE