Face à l’attitude belliqueuse et hostile du Maroc, “l’Algérie passera incontestablement à d'autres étapes matérialisées dans le temps avec la fermeture de l'espace maritime, l'instauration de visa de circulation et, à terme, si nécessaire, l'expulsion de ressortissants établis en Algérie”, dit l’expert en géopolitique, Arslane Chikhaoui.
Après la fermeture de son ciel aux aéronefs marocains, civils et militaires, Alger pourrait déployer d’autres mesures “punitives” contre Rabat, en réaction aux récurrentes attaques qui sont montées crescendo depuis ces derniers mois notamment. En tout cas, Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, n’exclut pas de nouvelles mesures “dictées par des raisons impératives de sécurité nationale” contre la monarchie marocaine.
“L’animosité et les desseins malveillants sont irrécusables, l’adoption de mesures supplémentaires n’est pas à exclure”, a-t-il ainsi affirmé, vendredi soir, dans une déclaration à l’agence Reuters. Amar Belani a ajouté, qu’à ce stade, “il existe des indices concordants et des éléments probants sur la conception, ainsi que sur la poursuite d’actions hostiles dirigées contre notre pays” et qu’en l’état, l’Algérie, a-t-il poursuivi, “fera preuve d’une extrême vigilance et d’une fermeté absolue pour la protection et la sanctuarisation de son territoire national”.
Quelles seront ces prochaines mesures “préventives” dont parle Amar Belani, mais également, à quels degrés devront-elles affecter le voisin marocain ? Tout dépendra, somme toute, de la réaction et de l’attitude marocaine.
En ce sens que si Rabat s’entête à poursuivre son hostilité assumée envers l’Algérie, cette dernière répondra en fonction et conformément aux attaques menées par Rabat depuis déjà depuis plusieurs années.
“Il faut dire que l'Algérie met en application de manière graduelle les mesures liées à la mise en œuvre de la déclaration de rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, et cela se fait au fur et à mesure de l'attitude que notre adversaire adoptera. La persistance du Maroc à avoir des agissements hostiles fera de sorte que l'Algérie retorquera avec une mesure supplémentaire, bien entendu, dans le respect de la Convention de Vienne et des us et coutumes en la matière”, explique Arslan Chikhaoui, expert en géopolitique.
Dans le contexte actuel marqué par une passe d’armes entre Alger et Rabat, et ayant connu son point culminant avec l’annonce, par Alger, le 24 août dernier, de rompre toutes ses relations diplomatiques avec le voisin de l’Ouest, tous les scénarios semblent donc envisageables même si, comme le qualifie l’expert en géopolitique, le conflit entre les deux parties est actuellement de “faible intensité”.
“Au stade actuel, nous sommes face à ce qui est dénommé un conflit de faible intensité (Low Intensity Conflict). Son évolution en conflit de forte intensité (High Intensity Conflict) dépendra de l’attitude du Maroc, allié, convient-il de le rappeler, d’Israël et de la France, mais aussi en fonction de l’attitude d’autres acteurs extérieurs à la région, comme la Turquie, l’UAE, le Qatar, la Chine, la Russie, les USA, la Grande-Bretagne ou encore l’UE, qui s’affrontent pour des enjeux aussi bien géopolitiques que géoéconomiques”.
De quels leviers, le cas échéant, Alger dispose-t-il pour faire augmenter la pression sur le Maroc ? “Ils sont nombreux”, répond Arslane Chikhaoui. En plus de la récente décision de fermer son ciel aux aéronefs marocains, civils et militaires, aux coûts pénalisants sur l’économie marocaine, Alger, pourra, dans une prochaine étape, durcir davantage ses mesures punitives contre le Maroc.
“À mon sens, si le Maroc continue dans sa démarche d'hostilité sous toutes ses formes, l’Algérie passera incontestablement à d'autres étapes matérialisées dans le temps avec la fermeture de l'espace maritime, l'instauration de visa de circulation et à terme, si nécessaire, l'expulsion de ressortissants établis en Algérie”, dit l’expert en géopolitique.
Karim BENAMAR