L’association a été créée il y a deux ans, mais ses membres n’ont pu tenir leur première réunion que samedi dernier, à cause de la crise sanitaire.
Face à un système national de soins à bout de souffle, les hôpitaux de droit privé veulent se poser aujourd’hui comme une alternative sérieuse et complémentaire aux établissements hospitaliers publics, après s’être, notamment, organisés en Association nationale des établissements hospitaliers privés (Aneh).
Les membres de cette Association ont pu tenir avant-hier leur première réunion en plénière au Centre international des conférences du Club-des-Pins après maints reports en raison de la crise sanitaire induite par le coronavirus. Mais il faut tout de même préciser que l’Aneh a été créée et agréée il y a deux années déjà.
À en croire les organisateurs, cette première rencontre, qui a réuni pas moins de 80 gestionnaires d’établissements hospitaliers privés, se décline, en fait, comme un soubassement d’une plateforme de contacts et d’échanges d’informations. “La rencontre de samedi a permis de réunir pour la première fois tous les chefs d’établissement privé, dans l’espoir de se faire connaître et de se préparer à jouer un rôle de service public plein sur l’échiquier national de santé”, a fait savoir le Dr Toufik Hamadache, président de l’Aneh.
La “thérapie” proposée par l’Association est inspirée des dispositions de la loi sanitaire votée en 2018 et qui a institutionnalisé l’intégration du secteur privé dans la carte nationale sanitaire. En effet, la nouvelle loi sanitaire a constitutionnalisé l’ouverture du secteur hospitalier au privé, en lui accordant carrément un statut de service public. Autrement dit, les hôpitaux privés sont ainsi considérés comme n’importe quel CHU ou EPH qui assure pleinement un service public.
Les 470 dispositions de la nouvelle réglementation sanitaire ont fait l’objet d’un riche débat entre les gestionnaires, notamment l’article 311 qui intègre expressément le secteur privé dans le système national hospitalier, sauf que cette disposition, qui décrète la mission de service public pour les hôpitaux privés, comporte la mention à titre “transitoire”. Ce qui a soulevé l’appréhension des participants.
Les gestionnaires présents se sont alors interrogés sur les raisons de cette annotation “transitoire et temporaire”, puisqu’elle vient en contradiction avec l’esprit même de cette loi qui avait donné lieu à des débats enflammés en 2018. “Considérer l’hôpital privé comme un partenaire est une bonne chose, mais tout de même, il y a une contradiction dans la réalité des choses.
À mon sens, l’article 311 est discriminatoire ; il résume à lui seul la position de l’administration à l’égard des établissements hospitaliers privés”, déplorera le Dr Hamadache. Autrement dit, les hautes autorités sont interpellées à revoir leur constat radiologique si elles veulent vraiment prescrire un traitement approprié à un système érodé par un nombre de “pathologies lourdes”.
La rencontre de samedi dernier a été aussi marquée par la mise en place d’un nombre de commissions devant permettre aux hôpitaux privés de se préparer à jouer pleinement leur rôle sur l’échiquier national de santé.
À ce titre, les participants interpellent les hautes autorités à engager une réflexion afin de dégager des mécanismes juridiques et pratiques à même de permettre à la population de bénéficier parallèlement des soins du secteur privé, d’autant que les prestataires de soins dans le public sont dépassés par la demande.
Hanafi HATTOU