La croissance des exportations hors hydrocarbures est tirée par les produits sidérurgiques, le ciment, les pneumatiques, et les dérivés des hydrocarbures.
“La hausse de 81,71% des exportations hors hydrocarbures (EHH) durant les cinq premiers mois de l'année 2021, annoncée par le ministère des Finances, est le fait des produits émergents, issus des nouveaux investissements réalisés en Algérie”. C’est ce que soutient Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) pour qui ces résultats ne sont pas dus aux différentes mesures prises par le gouvernement pour encadrer le commerce extérieur.
Ce bilan a été atteint, argue-t-il, grâce uniquement à des produits tels que le ciment, ceux émanant de la sidérurgie, les pneumatiques, les dérivés des hydrocarbures…Contrairement à ce qu’avance le département de Aymen Benabderrahmane, l’Exécutif ne réussit pas le défi de la réduction des importations tel qu’il a mentionné dans sa note de conjoncture rendue publique récemment, estime Ali Bey Nasri. Le document précise clairement que les importations “ont reculé à 15,2 milliards de dollars au cours des 5 premiers mois de 2021, contre 18,9 mds USD à la même période de 2019, soit un repli de près de 20% en deux ans”.
Or, dans la comparaison des statistiques, la logique voudrait que l’on prenne en compte celles de l’année en cours et les confronter avec celles de l’année écoulée. Ce n’est pas le cas dans la note du ministère des Finances qui préfère évaluer les importations des 5 premiers mois de l’année 2021 en prenant en considération les résultats de la même période de l’exercice 2019. En revanche, si l’on compare les importations des 5 premiers mois de 2021, estimées à 15,2 milliards de dollars, avec celles effectuées à la même période de l’année 2020, d’une valeur de 13,7 milliards de dollars (en baisse à cause de la crise sanitaire), l’on constate qu’il y a eu plutôt une hausse de 1,5 milliards de dollars soit de 10 %. En d’autres termes, les importations ont été de l’ordre de 18,9 milliards de dollars durant les 5 premiers mois de 2019, elles ont baissé à 13,7 milliards de dollars à la même période en 2020 pour rebondir à 15,2 milliards de dollars en 2021. A moins d’une raison valable non explicitée ou d’un détail qui nous échappe, l’on ne voit pas pourquoi le ministère des
Finances parle dans sa note, d’un recul des importations ?
Une autre question mérite d’être également posée : dans la comparaison du taux de couverture commerciale des importations par les exportations, pourquoi le ministère a tenu compte de l’exercice 2021 et celui de 2020 et non de 2019 comme dans sa comparaison des niveaux d’importation? “Le taux de couverture commerciale (des importations par les exportations) s’est ainsi amélioré de manière appréciable pour atteindre 92% à fin mai 2021 contre 72% à fin mai 2020”, est-il souligné dans le rapport du ministère.
Par ailleurs, les chiffres communiqués par le département d’Aymen Benaderrahmane confirment la volonté du gouvernement d’augmenter sensiblement les EHH dont la valeur globale se situerait, selon Ali Bey Nasri, entre 3,5 et 4 milliards de dollars d’ici à la fin 2021. L’Exécutif s’appuiera certainement sur les performances réalisées avec les produits émergents, fruits des nouveaux investissements nationaux et étrangers. C’est le cas du ciment dont la valeur des exportations a avoisiné en 2020 les 52 millions de dollars soit une progression de 144 %, le sucre (120 millions de dollars, en hausse de 45 %), les fertilisants (283 millions de dollars). Les perspectives intéressantes attendues pour ces produits vont permettre au gouvernement, relève le président de l’Anexal, de concrétiser son objectif de 4 milliards de dollars d’EHH en 2021.
Ainsi, les exportations de ciment devraient connaître un accroissement de 1,9 million de tonnes en 2020 à 5 millions de tonnes en 2021. Celles du sucre augmenteront de 800 000 tonnes à 1,2 million de tonnes alors que les dérivés des hydrocarbures dont les huiles et les fertilisants avoisineront les 450 millions de dollars quoique ces produits dépendent des cours mondiaux du pétrole. Cela dit, le groupe Cevital à lui-seul compte exporter pour une valeur avoisinant les 500 millions de dollars, du sucre, du verre plat et des produits électroménagers. Ce qui classe ce groupe privé premier exportateur après Sonatrach.
Badreddine KHRIS