Les avocats de la défense de l’activiste avaient décidé de boycotter les audiences car, selon eux, “les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies”.
Un jour après le deuxième anniversaire de sa marche, du 14 février 2019, contre le 5e mandat de Bouteflika, l’activiste Brahim Laâlami, a été condamné hier, à deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 20 000 DA, par le tribunal correctionnel de première instance de Bordj Bou-Arréridj.
Brahim Laâlami a été jugé sans la présence de ses avocats qui avaient boycotté l’audience du 8 février dernier pour protester contre ce qu’ils avaient considéré comme “une absence de conditions d’un procès équitable’’.
Dans son réquisitoire, le parquet avait requis 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 500 000 DA. L’activiste était poursuivi, cette fois-ci, selon le collectif des avocats de la défense, pour “discrimination et discours de haine’’, “outrage à corps constitués”, “utilisation de la force contre un agent de la force publique…”.
Pour rappel, le collectif avait dénoncé, dans un communiqué lu devant le juge, les atteintes aux libertés d’opinion, d’expression et de circulation des citoyens. Les avocats avaient aussi décidé, en concertation avec leurs mandants, de boycotter toutes les audiences qui concernent les activistes du Hirak pour ne pas “cautionner les abus’’. Les avocats du collectif de défense, qui avait boycotté le procès la semaine passée, estiment qu’ils savaient que Brahim Laâlami serait condamné à une lourde peine.
“Nous savions qu’il allait être condamné et notre boycott était juste car les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies”, a déclaré le collectif des avocats de la défense, après le verdict. “En ce qui nous concerne, nous avons démontré que Brahim Laâlami a été victime d’une action politique et de vengeance. Nous avons dénoncé son arrestation, son interrogatoire pendant son arrestation devant la PJ, son instruction devant le juge d’instruction et le jour de son procès, le 8 février 2021”, dira Me Mounir Gherbi, l’un des avocats du collectif de la défense.
“C’est une condamnation politique très lourde. On vient de condamner le premier activiste qui est sorti le 14 février 2019 pour dire ‘Non au 5e mandat de Bouteflika’ et d’appeler à un changement du régime”, ajoute Me Mounir Gherbi qui rappelle que son mandant est poursuivi pour 6 chefs d’inculpation : il a été acquitté pour 3 et condamné pour 3 autres. “Deux affaires concernent l’outrage au président de la République et à un corps constitué que la loi punit avec des amendes.
Pour la troisième, ‘discrimination et discours de haine’, ni les enquêteurs ni la justice n’ont pu prouver ce qu’ils avançaient”, précise Me Mounir Gharbi. “Le collectif des avocats de la défense maintient son boycott des affaires liées à des délits d’opinion et attend une réaction des autorités judiciaires sur ce sujet”, tient à noter Me Mounir Gherbi.
“Cette sentence sévère survient à une semaine du deuxième anniversaire du Hirak, le soulèvement populaire déclenché le 22 février 2019, pour sanctionner un des hommes de ce Hirak”, dira Me Zine Boukhari, un autre fervent défenseur des droits de l’Homme, qui ajoute que “Brahim Laâlami va déposer un recours.” “Maintenant, on s’attend, outre cette sévère peine, à son transfert à la prison d’El-Menéa !”, prédit l’avocat.
De son côté, Me Belkacem Belaabasi a dénoncé cet acharnement et parle d’un procès purement politique. “Ce verdict confirme la tentation liberticide du pouvoir, il durcit les peines, accentue la répression pour faire taire le Hirak et toute voix discordante.”
Dans cette dernière affaire, Brahim Laâlami avait été arrêté, le 8 septembre 2020, en compagnie de ses trois frères et d’un ami, devant le domicile familial à Bordj Bou-Arréridj. T
ous s’apprêtaient à se rendre à l’enterrement de l’avocat Tarek Zedam, fauché la veille par une voiture, et après une manifestation organisée la veille dans le village d’Ouled Khelifa dans commune de Djaâfra, au nord de Bordj Bou-Arréridj où Brahim Laâlami était présent à la marche organisée pour dénoncer le placement sous mandat de dépôt de 4 hirakistes de la région.
Chabane BOUARISSA