Les pouvoirs publics oseront-ils faire face à la délicate gageure de défaire graduellement l’État de son caractère providentiel et social ? L’État-providence ; celui qui donne et qui prend s’apprête-t-il à faire migrer “doucereusement” sa gouvernance économique, politique, sociale et instutitonnelle vers des orthodoxies plus en phase avec la réalité nationale et internationale ? La mission, toute capitale et historique qu’elle est, est loin d’être facile à concrétiser.
La volonté politique, subtilement et prudemment exprimée à travers les récentes mesures annoncées par le gouvernement pour réformer les subventions et la gestion des entreprises publiques, laissent entendre que l’État-providence en Algérie a désormais atteint ses limites.
L’État-providence, s’il faut en rappeler le sens, est celui qui gère absolument tout et intervient tout le temps et partout, non comme un simple régulateur et garant des lois de la République, mais bien comme un acteur essentiel et, parfois, même exclusif de la vie politique, économique et sociale.
En Algérie, l’État, faut-il le reconnaître, est à la fois principal propriétaire, premier acteur économique, régulateur de fait et surtout “Toute-puissance publique”…Un pater familias qui assure pain, lait et logement subventionnés ; mais aussi croissance économique et emplois financés à grand renfort de dépenses publiques, quand la rente pétrolière le permet ; au gré, bien entendu, des caprices intempestifs des marchés internationaux sur lesquels l’Algérie n’a absolument aucune emprise.
Aujourd’hui, le gouvernement annonce qu’il compte désormais augmenter les prix des huiles alimentaires, instituer un taux réduit de TVA sur le sucre, entamer la réforme des subventions pour n’en faire profiter que les plus pauvres et, surtout, se défaire de son rôle d’acteur économique majeur en proposant à la privatisation l’essentiel de ses capitaux marchands…
L’État-providence semble ainsi vouloir agir dans le sens de redéfinir enfin ses rôles économique et social, de sorte à favoriser la rationalité et la rigueur dans la gestion de l’argent et des actifs appartenant en vrai à la collectivité nationale. Un tournant sans doute rationnel et salutaire. Encore faut-il que l’action suive et que l’Exécutif commence déjà par réduire en premier lieu son propre train de vie, ne serait-ce que pour donner l’exemple…■