La démarche des assises entreprise par le ministère de la Santé en vue de réformer le système national de la santé est de nature à identifier les grandes failles d’un secteur malade. Pour peu que les propositions formulées par les acteurs de la santé soient prises en considération dans la mise en place d’un nouveau système. Lors du regroupement régional de Sétif, les participants ont beaucoup insisté, entre autres, sur la nécessité de la décentralisation de la gestion des structures, mais aussi et surtout sur la place centrale que doit occuper le malade dans le système.
Dix wilayas ont été retenues pour abriter des regroupements régionaux pour débattre de la refonte du système de santé national. Après les ateliers de wilayas, tenus au début de ce mois pour apporter les contributions des professionnels du secteur et leurs partenaires, entre autres, les syndicats, les collectivités locales et le mouvement associatif, au texte élaboré par le ministère, ces regroupements ont pour objectif de faire la synthèse des propositions débattues à l’échelle locale.
Le document de synthèse des travaux est à élaborer pour le soumettre aux assises nationales, prévues pour le mois de décembre prochain afin d’entériner la mise en œuvre du nouveau système de santé national.
L’introduction des nouveaux textes pour la refonte de ce système est au cœur de ces conclaves. Le système est à revoir et tous les participants aux différents ateliers de ces conclaves l’ont admis, du moins lors du regroupement de Sétif qui a réuni, outre cette dernière, les wilayas de Constantine, de Jijel, de Mila, de Bordj Bou-Arréridj, de Béjaïa et d’Oum El-Bouaghi.
Lors de cette rencontre qui a eu lieu samedi passé, les travaux de synthèse des différents ateliers n’ont été achevés qu’à une heure avancée de la journée pour dire tout l’intérêt porté à la refonte de ce système. Mais avant cette refonte, le constat est des plus critiques.
La place du malade, enjeu central de cette réforme, a occupé de larges débats. Toutefois, les gestionnaires, le corps des praticiens médicaux et le mouvement associatif ont défendu l’élaboration d’un système qui prendra en charge leurs préoccupations.
Des intervenants ont déploré l’absence de représentants du secteur libéral dans ces conclaves, alors que d’autres ont plaidé pour son intégration dans le nouveau système de santé national. Même si le secteur a été épinglé “lorsqu’il a laissé ses malades livrés à eux-mêmes lors de l’installation de la crise de la Covid-19”. “Des malades n’ont même pas trouvé où renouveler leurs ordonnances pour leurs pathologies chroniques devant des cabinets fermés”, a-t-on rappelé.
La décentralisation “pour permettre la prise de décision tout près du problème”, comme l’ont si bien défendue certains dans leurs rapports, a également été au cœur des débats.
C’est dans cette optique que des gestionnaires des établissements de santé ont plaidé pour la dépénalisation de l’acte de gestion. “C’est une aberration d’appliquer le même code des marchés pour le secteur des travaux publics que pour la santé”, a pesté l’un de ces gestionnaires à l’atelier n°2 qui a débattu de la “gouvernance et la gestion des établissements de santé”.
L’urgence de l’intervention pour remettre en marche un groupe électrogène qui tombe en panne, alors que la procédure, qui doit appliquer à la lettre les textes du code des marchés, a été prise pour exemple.
“Si on suit la procédure, la réparation de ce groupe risque de prendre du temps, ce qui risque de conduire à la mort du malade, et là, le gestionnaire ira en prison, et si ce même gestionnaire ne respecte pas la procédure et répare ce groupe, il ira également en prison”, a ironisé un gestionnaire.
La hiérarchisation des soins et la réhabilitation du service des urgences ont occupé une part importante dans les débats, tandis qu’il a été question de proposer la création de centres de référence pour la prise en charge de certaines pathologies spécifiques à certaines régions.
Le représentant d’une association de malades a pris l’exemple des maladies à transmission génétique de la drépanocytose et de la thalassémie, très concentrée au nord-est du pays, mais qui ne bénéficient pas encore de l’attention adéquate qu’elles méritent.
Le constat du malade “qui souffre sincèrement” a, à maintes reprises, été clamé à telle enseigne qu’un directeur d’établissement de santé de proximité a tout bonnement lancé que “même nous, nous ne savons pas où emmener un membre de la famille quand il tombe malade”.
C’est dire les difficultés actuelles d’un système de santé qui se débat dans de multiples problèmes “où ni le malade, ni son médecin, ni le directeur ne sont contents”, comme on l’a si bien constaté.
Au-delà de la vétusté des structures existantes, du manque de moyens, de la révision de la nomenclature des actes de soin et leur tarification, invoqués avec insistance, de la formation continue et de la revalorisation du rôle du médecin de famille, beaucoup a été dit sur un système de santé à reformuler de fond en comble.
La mise en place d’un statut spécifique de la santé au sein de la Fonction publique ou la sortie de cet organisme reste pour beaucoup d’autres intervenants un salut pour la sortie de cette crise. Il reste à noter, selon la vision du ministre, que le nouveau système de santé à mettre en place, à l'issue de ces débats, s’inscrit dans le cadre de la bonne gouvernance prônée pour la restructuration de la carte sanitaire du pays.
Amor Z.