Le ministre de la Santé préconise la vaccination de 60 à 70% de la population éligible, soit 20 millions d’Algériens.
“Nous disposons aujourd’hui de quantités amplement suffisantes de doses de vaccin anti-covid. Ce qui va nous permettre de lancer une campagne de vaccination à grande échelle. Nous avons réceptionné d’importants lots de doses. On a décidé d’engager une vaccination de masse. Nous invitons la population à aller se faire vacciner, sans ni s’inscrire sur la plateforme, et encore moins faire intervenir qui que ce soit.
Aujourd’hui, on a reçu des livraisons conséquentes et on continuera à en réceptionner”, a assuré à, Liberté, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid. Au-delà des quantités de vaccins acquises ou celles qui seront livrées dans les prochaines semaines, les promoteurs de cette vaccination de masse semblent déterminés à mener à bien cette opération. Histoire de rattraper le temps perdu. Même si l’opération a été mise en branle dans les délais exigés par le chef de l’Etat, soit le 31 janvier dernier, elle était restée, tout de même, timide pendant les mois de février et de mars.
Les autorités sanitaires disposent-elles aujourd’hui de stocks de sérums et des moyens humains et matériels pour amorcer une vaccination à grande d’échelle ? “En termes d’approvisionnement, on a dépassé jusque-là plus de deux millions et on dépassera les 5 millions de doses d’ici la fin juin. Le rythme d’approvisionnement va encore s’accélérer”, expliquera le ministre qui dévoile le nouveau programme des commandes passées avec plusieurs fournisseurs.
“Nous sommes contents de recevoir pratiquement en une dizaine de jours, environ 1,4 million de doses de Sinovac. On a passé dans le cadre achat bilatéral, deux commandes de 15 millions de doses chacune, soit 30 millions de doses qui nous seront livrées. Nous réceptionnerons aussi les 700 000 unités Sputnik V restant dans le cadre du contrat de 1 million de doses signé avec le partenaire russe”, détaillera Benbouzid.
Qu’en est-il du programme d’acquisition prévu dans le cadre du mécanisme onusien Covax, dont l’Algérie a été pénalisée ? Le ministre expliquera encore : “Au début, c’était tellement difficile, mais maintenant qu’il y a moins de demandes en Europe, nous avons réceptionné et nous allons encore réceptionner d’autres quantités Covax. Il est prévu un quota qui oscille entre 12 et 16 millions de doses dont beaucoup d’AstraZeneca. Nous avons espoir qu’on obtiendra très rapidement les quotas promis. On attend pour les prochains jours une cargaison de 1,4 million dans le cadre de Covax”.
Interrogé sur les candidats au vaccin encore sceptiques quant à recevoir l’AstraZeneca, Benbouzid répondra sans détour : “Je pense qu’on a trop dit sur l’AstraZeneca, alors que l’antidote britannique était le seul et le premier vaccin qualifié par l’OMS et que ce n’est que dernièrement que le Sinovac a obtenu le feu vert de l’OMS.
Je rappelle l’expérience de certains pays qui ont utilisé en masse l’AstraZeneca dont l’Angleterre, en premier, qui recensait jusqu’à 60 000 nouveau cas et 400 décès en 24 heures, alors qu’on ne déplorait ces derniers jours pas plus de 10 décès. Force est de croire que c’est la vaccination qui a empêché l’apparition de formes graves”, affirmera le ministre arguant que certains pays exigent uniquement le vaccin AstraZeneca, pour être autorisé à fouler leur sol.
30 millions de doses commandées
Maintenant que le problème de mobilisation des lots de vaccins semble ne plus se poser, notre interlocuteur nous fera savoir que les services compétents de son département ont mis en place un dispositif technique conséquent, ce qui va contribuer à l’exécution de la vaccination en masse dans de bonnes conditions. “Pour réussir une opération de telle envergure, nous avons renforcé le dispositif mis en place au lendemain de la validation de la stratégie d’immunisation des Algériens contre le coronavirus.
Outre les centres de vaccination retenus à cet effet, nous avons depuis décidé d’organiser l’opération dans des vaccinodromes à travers le pays. Nous avons installé des chapiteaux dans des espaces publics visibles et accessibles. Ces chapiteaux ont été aménagés de sorte à accueillir les citoyens dans des conditions idoines. Alors pour la wilaya d’Alger, nous avons décidé, en concertation avec le wali, d’implanter dans un premier temps sept chapiteaux. Le premier a été implanté à la place Kittani à Bab El Oued et qui est opérationnel depuis dimanche. Ces chapiteaux sont appelés à assurer la vaccination même en dehors des heures de travail et durant le week-end.
Le wali nous a rassurés que d’autres espaces seront dégagés à la place du 1er-Mai, à Sidi Abdellah, Rouïba, ainsi que d’autres endroits qui seront identifiés. La situation va encore évoluer en fonction de l’engouement des citoyens. Il est prévu aussi que des salles de sports seront réquisitionnées pour l’opération en cas de besoin”. Et quelle est la part des autres wilayas de ce plan de vaccinodromes ? Benbouzid précisera qu’il s’agit d’une stratégie nationale de vaccination renforcée et qui concerne toutes les wilayas.
“La vaccination s’adresse à tout le monde. Jusqu’à hier lundi (ndlr ; avant-hier), j’ai touché pas moins de 23 walis et autant de DSP, pour implanter des chapiteaux de vaccination, outre les centres de vaccination uverts fonctionnels déjà. Nous avons ciblé en priorité les régions qui continuent d’enregistrer des taux de contamination élevés”.
Malgré les assurances du gouvernement, la campagne menée jusque-là a été fortement décriée notamment par les professionnels de la santé. Pour notre interlocuteur, le gouvernement ne s’est jamais pris en retard, puisque le ministère de la Santé avait entamé les démarches d’acquisition en août 2020, soit via la formule d’achat direct ou par le biais du système Covax. “Le retard de livraison est lié au problème de délais de production imposés par les fournisseurs.
Alors que maintenant, on passe la commande et on a les vaccins, parce qu’il n’y a plus de pression à l’échelle mondiale. Nous avons démarré la campagne le 31 janvier 2021,oit dans les délais exigés par le président de la République, alors que j’ai signé un accord d’acquisition définitif avec la partie russe pour un million de doses, avant la fin janvier, pour être livré soit le 21 ou le 22 janvier.
C’est pourquoi nous avions demandé qu’il y ait une intervention au plus haut niveau, le Premier ministre et le président de la république, pour mettre le poids de ce qui est l’Algérie dans ses relations stratégiques”. S’agissant de la population éligible à la vaccination, le ministre de la Santé soutiendra que la stratégie nationale a été mise en place pour protéger la population et la mettre en dehors du danger qu’entraîne le coronavirus dans son sillage.
“La vaccination n’empêche pas la propagation du virus, l’antidote est là pour empêcher les formes graves et les hospitalisations. Si on vaccine 60% de la population, ce seront 17 millions d’Algériens concernés, alors que 70% représentent 20 millions d’Algériens. Certains pays se satisfont du taux de 50% de la population globale”, conclut Abderrahmane Benbouzid.
Hanafi H.