L’Algérie profonde Hausse des prix à Oued Tlélat (Oran)

Le marché dans tous ses états

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Noureddine BENABBOU Publié 21 Avril 2021 à 01:26

Le pouvoir d’achat des ménages laminé. © D.R.
Le pouvoir d’achat des ménages laminé. © D.R.

La hausse des prix des produits agricoles a permis de révéler la faiblesse du circuit d’approvisionnement du marché malgré les avantages accordés aux professionnels du secteur.

Les promesses du ministère du Commerce sur la régulation des prix des produits de large consommation, tels les viandes, la pomme de terre et autres produits alimentaires, durant le mois sacré du Ramadhan n’ont pas eu d’effet, tant les spéculateurs parviennent toujours à imposer leurs prix à Oued Tlélat, dans la wilaya d’Oran. “L’État ne contrôle plus la distribution des produits alimentaires et agricoles. Les différentes filières sont complètement entre les mains des spéculateurs”, peste un père de famille, qui n’a pas mâché ses mots face à des prix qui frisent l’intolérable.

En effet, les prix affichés dans les marchés s’assimilent à une agression contre les consommateurs : le poulet est ainsi imposé à 400 DA/kg, la pomme de terre à 80 DA/kg, la tomate à 150 DA, la laitue à 170 DA… Et souvent les petites bourses repartent bredouilles, tandis que d’autres se rendent aux restos Rahma ou dans les mosquées, dont certains distribuent jusqu’à 800 repas par jour, un chiffre qui ne trompe pas sur la précarisation rampante des couches sociales. 

La hausse des prix a également touché les produits alimentaires importés, tels les petits pois surgelés qui sont passés de 200 DA à 400 DA/kg, les pruneaux de 450 DA à 850 DA/kg et les abricots secs de 600 DA à 1 200 DA/kg. Quant au poisson, il est devenu franchement inaccessible. “La dévaluation du dinar n’explique pas tout. Trop d’intermédiaires gonflent les prix au passage”, explique un commerçant. 

La hausse des prix des produits agricoles a permis de révéler la faiblesse du circuit d’approvisionnement du marché malgré les avantages accordés aux professionnels du secteur puisque de très nombreux marchands de fruits et légumes ne payent pas de taxes fiscales ni de droit de place, et la majorité écrasante exerce dans l’informel sans être inquiétée par les services du contrôle des prix. Plus grave encore, des espaces publics situés à proximité des établissements scolaires et des maisons de culte sont squattés dans l’impunité et l’anarchie par des vendeurs de fruits et légumes ou des bouchers qui exercent sans registre du commerce et sans égards pour l’hygiène devant le regard médusé des consommateurs. Quid de la responsabilité de cette situation ? “Elle est partagée par plusieurs ministères. Depuis une décennie, on pointe du doigt les conséquences dévastatrices de l’informel, mais aucune solution n’a été trouvée. Les communes sont dépassées par le phénomène du squat des espaces publics. La planification de la production des différents produits agricoles est nulle et, à chaque fois, il y a pénurie de tel ou tel produit”, explique un ancien cadre du ministère de l’Agriculture. 

D’autre part, les déclarations de certains responsables de filière sont émaillées de fausses statistiques. 

“La promesse, pourtant réalisable, des éleveurs pour une viande à 850 DA/kg ne verra jamais le jour”, fait savoir un jeune boucher, qui donne l’exemple d’un collègue établi à Zahana (30 km d’Oran), où le kilogramme de viande de brebis est proposé à 850 DA/kg et celui de l’agneau à 1 150 DA. Ce que Liberté a pu vérifier et qui confirme que ce genre d’initiative peut se généraliser si l’État décide de s’investir.

NOUREDDINE BENABBOU

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