Avec une moyenne d’admission exceptionnellement retenue pour cette année autour de 9,5/20, le taux de réussite national de l’examen du baccalauréat a atteint les 61,17% contre 55,30% en 2020.
Bonne ou mauvaise décision ? Pour Méziane Mériane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), c’est plutôt une mauvaise option. “Pourquoi établir une moyenne d’admission à 9,5 alors que les élèves ont mieux étudié et assimilé par groupes contrairement à l’année dernière quand il y avait des classes de 40 à 50 élèves ?
On aurait pu à la limite opter sans le dire à la formule du rachat pour ne pas toucher au prestige du diplôme en prenant en compte la moyenne générale de l’année scolaire ou les moyennes dans les matières essentielles au bac ou durant l’année. Mais les autorités veulent, en agissant ainsi, peut-être diminuer le nombre d’élèves aux lycées”.
Un deuxième écueil se pose lors des inscriptions à l’université. “Cette moyenne ne permettra pas au lauréat de choisir la filière de sa spécialité car les conditions pédagogiques d’accès à certaines spécialités ont été revues cette année, de manière à calculer une moyenne pondérée, sous-tendant la moyenne du bac et les notes dites essentielles obtenues dans la filière.
D’où notre revendication de tirer du tiroir la réforme du bac, car avec l’examen tel qu’il est structuré actuellement, on est en train de programmer des échecs à l’université”.
Selon Méziane Mériane, “le bac algérien est le plus cher au monde. Il y a nécessité de le ramener de cinq à trois jours. Il faut revoir aussi les coefficients des matières scolaires essentielles et la fiche de synthèse. On encourage l’élève à travailler sur les matières qui ne seront pas examinées parce que leurs notes seront portées sur la fiche de synthèse.
Il y a énormément d’incohérence ; il est inacceptable qu’un élève avec 9 de moyenne en sciences, en maths et en physique soit admis au bac sciences”.
Le président du syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, estime également que le rabaissement de la moyenne du bac à 9,50 est “inacceptable”.
“Ce n’est pas une bonne décision, poursuit-il, sachant que 65% des étudiants refont la première et même la deuxième année universitaire parce qu’ils ne sont pas armés des connaissances nécessaires pour affronter le monde universitaire. C’est aussi une mesure discriminatoire. Pourquoi ne l’avoir pas appliquer pour le BEM ?”.
“Tant qu’on persiste à enfoncer l’école algérienne dans la médiocrité, le taux de réussite au bac ne constitue pas un indicateur fiable”, considère le président du Satef qui demande au ministre de l’éducation nationale de communiquer le nombre exact des bacheliers avec une moyenne de moins de 10 sur 20.
Contrairement aux syndicats du secteur, le ministre de l’éducation nationale a qualifié de “très bons”, les résultats obtenus cette année par rapport à la précédente session, reflétant, dit-il, “les efforts consentis par tous, notamment sur les plans de l’organisation et de la garantie des moyens éducatifs et pédagogiques.”
Un total de 731 723 candidats dont 459 545 scolarisés et 272 178 libres, ont passé l’examen du bac 2021.
Nissa H.