L’International MANIFESTATIONS ANTI-SAÏED MALGRÉ L'INTERDICTION DES RASSEMBLEMENTS

Tunisie, une révolution du Jasmin et des contre-révolutions

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R. I./AFP Publié 14 Janvier 2022 à 18:43

Une manifestation contre le président tunisien Kais Saied, à Tunis, le 14 janvier 2022. © D. R.
Une manifestation contre le président tunisien Kais Saied, à Tunis, le 14 janvier 2022. © D. R.

Des Tunisiens, dont des personnalités politiques, ont bravé hier l’interdiction imposée par le président Saïed de manifester leur opposition au “coup d’État”. La révolution qui a renversé Ben Ali en 2011 est encore à réinventer. Elle a subi tellement de contre-révolutions qu’elle est confrontée au retour à la dictature. Tentative de démonstration de force, hier à Tunis. Et répression.

Les Tunisiens n’ont pas eu le droit de célébrer dans la rue le 11e anniversaire de la chute du président Ben Ali. Ils n’étaient d’ailleurs pas nombreux à sortir dans la rue, hier, pour dénoncer “le coup d’état”, en référence aux pouvoirs exorbitants du président Kaïs Saïed. 

Malgré l’interdiction de manifester pour des raisons sanitaires, plusieurs centaines de personnes ont bravé, hier, un important dispositif de sécurité pour marquer leur opposition au président Kaïs Saïed, a constaté l'AFP. 

"À bas le coup d'état, le peuple veut la chute du coup d'état", ont crié environ 300 manifestants rassemblés sur l'avenue Mohammed-V, dans le centre-ville de Tunis. Un imposant dispositif policier avait été mis en place pour empêcher les manifestants d'accéder à l'artère principale de la capitale, l'avenue Habib-Bourguiba.

Des manifestants ayant réussi à briser le cordon policier ont été dispersés à coups de matraque et de gaz lacrymogène, selon des  journalistes de l'AFP, qui ont également fait état d'interpellations. 

Une cinquantaine de personnes sont parvenues à se rapprocher des bâtiments du ministère de l'Intérieur, dans une rue adjacente à l'avenue Habib-Bourguiba. "Tu travailles pour (Abdel Fattah) Al-Sissi et les Émirats", a lancé une femme à l'adresse d'un policier, allusion au fait que le dirigeant égyptien et les pays du Golfe sont accusés par leurs détracteurs d'avoir soutenu le coup de force de Kaïs Saïed du 25 juillet, lorsqu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs. 

Malgré l'interdiction, plusieurs partis politiques – dont la formation d'inspiration islamiste Ennahdha – avaient annoncé le maintien de leurs rassemblements d’hier. Ennahdha, dans le viseur du président Saïed, qui a suspendu le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années, a affirmé "refuser l'instrumentalisation politique de la situation sanitaire pour anéantir ce qui reste des droits et libertés fondamentaux".

Le bras de fer entre Ennahdha et le président Saïed a culminé avec l’arrestation musclée, le 31 décembre dernier, du n°2 du parti et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri. Le ministre de l’Intérieur avait évoqué “des soupçons de terrorisme” pour justifier l’arrestation de Bhiri. 

Jawhar Ben Mbarek, une figure de la gauche tunisienne à la tête d'un collectif d'opposants à ce qu'ils dénoncent comme un "coup d'état" du président Saïed, était également présent, hier, dans l'une des manifestations. 

Par ailleurs, la BBC a diffusé des conversations téléphoniques entre Ben Ali et de hauts responsables ainsi que des proches, à l’occasion du 11e anniversaire de sa chute, le 14 janvier 2011 après 23 ans au pouvoir.

Dans l'un des enregistrements, on peut entendre une voix présentée comme celle de Ben Ali discutant avec l'un de ses proches le 13 décembre 2011, peu après avoir fait un discours à la nation.

Ce proche, qui serait l'homme d'affaires Tarek Ben Ammar, le félicite pour son allocution alors que le président bientôt déchu estime qu'elle a “manqué de fluidité".

Dans les autres enregistrements, réalisés le 14 janvier 2011, Ben Ali, depuis l'avion qui le transporte avec son clan vers l'Arabie saoudite, discute tour à tour avec trois interlocuteurs, dont le ministre de la Défense de l'époque, Ridha Grira.

Lorsque M. Grira l'informe qu'un Président intérimaire a été désigné, Ben Ali répond qu'il sera “de retour au pays dans quelques heures". Ben Ali demande ensuite au téléphone à un proche, Kamal Eltief, s'il lui "conseille de revenir maintenant ou pas". "Les choses ne se présentent pas bien", finit par répondre ce dernier. 

Ben Ali pose la même question à Rachid Ammar, chef de l'armée à l'époque, qui lui répond : "Quand nous verrons que vous pouvez revenir, nous vous le ferons savoir, Monsieur le président."  
 

R. I./ AFP

 

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