Chroniques

Comment créer un dictateur dans une fabrique arabo-musulmane ?

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Amin ZAOUI Publié 19 Janvier 2022 à 21:58

Mode d’emploi  et  recette gratuits  et incontestables ! Le dictateur est-il la fabrication de son peuple qui, à son tour, est la création de ce dernier ? Se conçoit-il lui-même ou bien est-il conçu ? Comment fabriquer un dictateur arabo-musulman ? Il y a une recette magique pour faire d’un rien ou presque un dictateur exemplaire dans un pays arabo-musulman ! 

Il faut savoir qu’en politique, on ne nait pas dictateur on le devient. Dans le monde arabo-musulman les peuples créent le dictateur et l’aiment, le vénèrent ! Lui, en contrepartie, ne leur offre que de la haine. 
Dans la société arabo-musulmane, la fabrication d’un dictateur est plus facile que celle d’un génie ou d’un juste. La création des dictateurs est une tradition ancestrale, une culture politique séculaire. Toutes les conditions sont prêtes et favorables pour que germe le grain/dictateur dans une société arabo-musulmane. Toutes les ères sont propices ; divine, temporelle et culturelle. Pour concevoir un dictateur il faut une société où règne l’ignorance. L’ignorance est le terreau pour la semence/dictateur. Et ce facteur est bien présent dans la société arabo-musulmane. L’analphabétisme scolaire et l’analphabétisme culturel sont rayonnants !   
Il n’y a pas de dictateur neuf et de dictateur ancien. Il n’y a pas de dictateur jeune et de dictateur vieux. Tous les dictateurs arabo-musulmans se ressemblent comme des frères jumeaux. Ils sont nés de la même matrice politico-religieuse. Ils mourront de la même mort pour enfanter un autre rejeton de la même façon. Comment concocter un dictateur sur les braises d’un kanoun arabo-musulman ? La meilleure sauce pour cette recette diabolique, c’est d’abord et avant tout la religion. La religion politisée est l’idéologie qui entretient de manière étonnante la naissance des dictateurs arabo-musulmans. Elle les présente dans l’imaginaire des fidèles à l’image de Dieu. Si on veut faire passer une idée, n’importe quelle idée, dans la société arabo-musulmane, il suffit de l’envelopper dans un discours religieux. Elle sera vite acceptée, adoptée et vénérée. Les dictateurs arabo-musulmans passent entre les versets et les hadiths !  
Comment métamorphoser un dictateur arabo-musulman en un mythe chez son peuple impuissant ? Dans le monde arabo-musulman, le système scolaire est conçu de bout en bout, de la crèche à l’université, pour forger le symbole du dictateur dans l’imaginaire des générations futures. Des générations pour l’applaudissement, la prosternation et l’asservissement. L’école est par excellence le laboratoire efficace pour façonner un imaginaire abêti, dont la mission est de justifier l’injustifiable, angéliser le diabolique.
Les journaleux – sauf le respect dû aux journalistes dignes de ce nom – sont les chiens de chasse pour le dictateur arabo-musulman. Les renifleurs ! Chaque dictateur a ses propres journaleux. Ils sont bien dressés. Domestiqués. Ils savent comment aboyer, remuer la queue ! Il lui faut des chiens télévisuels, des sonores, des écrits dans toutes les langues du monde, en arabe, en français, en anglais, en kurde, en turc, en persan, en tamazight, en darija et même en hébreu.    
Et pour rehausser un dictateur arabo-musulman, il faut la présence d’une cour de pseudo-intellectuels, des universitaires, des écrivains, des poètes, des romanciers, des nouvellistes, des dramaturges, des cinéastes et même des chercheurs et des chercheuses ! Les pique-assiettes. Les mangeurs de toutes les soupes, dans toutes les assiettes. Chaque dictateur arabo-musulman a ses intellectuels VIP, ceux de la deuxième rangée, les roues de secours, les rescapés, les miraculés et les survivants. Pourquoi les intellectuels sont-ils les plus efficaces pour la confection des dictateurs ? Tout simplement parce qu’ils savent comment justifier l’hypocrisie, comment défendre les mensonges en les présentant comme vérité et convenance. Quelques intellectuels sont prêts à passer d’une main d’un dictateur à un autre d’une autre.           
En somme c’est le peuple, mis dans un tel état décérébré, qui crée son dictateur. Et en réplique, le dictateur, par le populisme et par le bâton, crée son peuple à sa taille. Une équation kafkaïenne. Dans une société qui vit sous le poids d’un dictateur arabo-musulman, le populisme est l’herbe savoureuse pour le repas du peuple. Par le populisme comme opium politique, le dictateur viole la loi sous les applaudissements dudit peuple. Le populisme transforme les cauchemars des peuples en rêves maladifs. Le populisme tue le peuple et glorifie le dictateur au nom du peuple lui-même. Toute société qui n’arrive pas à transformer le politique en culturel est condamnée à la reproduction d’un nouveau dictateur.  
 

Par AMIN ZAOU

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