Liberté : L’Onilev a lancé l’opération de déstockage au niveau des chambres froides dans l’espoir de faire baisser les prix des produits agricoles. Quel est le bilan de cette action ?
Mohamed Kherroubi : Nous ne pouvons pas encore faire de bilan puisque l’opération se poursuit toujours sur le terrain à travers de nombreuses wilayas.
Néanmoins, nous avons achevé d’ores et déjà la première opération qui a permis le déstockage de 35 000 tonnes de pomme de terre. La mise sur le marché de toutes ces quantités a créé une certaine stabilité et a diminué l’impact de la hausse des prix sur les consommateurs.
Mais les prix du tubercule sont restés inabordables pour la majorité des ménages durant le mois sacré…
Après avoir atteint le pic des 100 DA à la veille du mois de Ramadan, le kilogramme de la pomme de terre a connu une certaine baisse ces derniers jours puisqu’il est affiché, selon la qualité, entre 60 et 75 DA dans les marchés de gros. Dans les points de vente relevant de l’Onilev implantés à l’occasion du mois sacré, la pomme de terre a été cédée entre 40 et 50 DA.
Chez les détaillants, le prix de la pomme de terre avoisine quand même les 85 DA le kilogramme. Comment expliquez-vous cette hausse ?
Ce n’est pas un problème d’offre en tout cas. Car, nous lançons actuellement une autre opération de déstockage destinée, celle-ci, à la régulation du marché pendant les fêtes de l’Aïd. Elle concerne une dizaine de wilayas dont Blida, Skikda, Médéa, Relizane, Aïn Defla, El Tarf…Ce qui augmentera davantage les quantités mises sur le marché et permettra aux consommateurs de s’approvisionner avec un niveau de prix acceptable. Le déstockage de la pomme de terre donnera également l’opportunité aux restaurateurs et autres commerçants de maintenir leurs activités pendant l’Aïd au profit des citoyens.
L’Onilev fonde beaucoup d’espoirs sur ces opérations de déstockage, mécanisme prévu par le système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac) pour assurer l’équilibre sur le marché. Peut-on connaître les quantités à déstocker pour cette deuxième opération ?
Je préfère ne pas avancer de statistiques afin d’éviter toute spéculation à laquelle recourent systématiquement certains acteurs. Pour répondre à votre question, l’Onilev ne compte pas seulement sur le déstockage parce que l’actuelle période coïncide avec la production pleine des wilayas de Mostaganem, de Skikda, et d’Aïn Defla qui stabiliseront encore plus le marché national de la pomme de terre dans les quelques jours à venir.
Si pour la pomme de terre, vous estimez que les choses sont maîtrisées, cela ne pourrait pas être le cas pour la tomate dont les prix ont franchi le seuil des 150 DA, il y a quelques jours. Quelles sont, selon vous, les raisons à l’origine de cette envolée des prix ?
Le Ramadan, mois de la consommation par excellence, a coïncidé cette année avec la période d’absence de récolte de la tomate. Il fallait mettre rapidement sur le marché le produit issu de la plasticulture afin d’éviter toute hausse des prix. Or, la culture sous serre coûte cher et le prix de revient de la tomate produite dans ces espaces est souvent élevé. L’agriculteur répercute ainsi tous ces frais sur le prix de commercialisation. Ce qui augmente indubitablement les tarifs pratiqués sur les marchés. Par ailleurs, la tomate industrielle, le double concentré, dont les prix sont restés stables, a joué son rôle comme véritable alternative à la tomate fraîche quand les prix de celle-ci sont inabordables.
Propos recueillis par : B. KHRIS