La mise à l’écart du directeur de radio Constantine en raison, est-il dit, officieusement, de la diffusion de la berceuse de Fairouz a provoqué une levée de boucliers. Pour la direction de la Radio nationale, le motif est lié aux résultats négatifs de l’audit de la station régionale.
Atteinte à la liberté de conscience et de culte, règlement de compte, une purge qui ne dit pas son nom, et l’abus d’autorité ou encore une inquisition de plus ? Ce sont autant de griefs évoqués par les internautes qui ont exprimé leur solidarité avec le directeur de la radio locale de Constantine suite à sa suspension par le directeur général de la Radio nationale. Et pour cause, la suspension de Mourad Boukerzaza qui comptabilise près d’une trentaine d’années d’expérience au sein de la Radio nationale en tant que journaliste, animateur, réalisateur d’émissions thématiques et qui fut notamment chef de projet de la radio locale de la wilaya de Mila et directeur de la radio de Jijel, a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux entre défenseurs de cet enfant de la radio et les détracteurs du contenu des programmes et mode de gestion qui prévalent au sein de ce média public.
Une polémique accentuée par les raisons invoquées dans un premier temps pour justifier la suspension de Mourad Boukerzaza et la fin de mission signifiée à l’animatrice Nadia Chouf, une retraitée contractuelle. En effet, la diffusion lors de l’émission “Chansons de la belle époque” animée en vérité par une autre personne dont Nadia Chouf avait assuré le remplacement ce jour-là, d’une chanson de la diva libanaise Fairouz connue, de par le monde et entonnée depuis le XIXe siècle par les communautés de confession chrétienne car dédiée aux fêtes de Noël, avait annoncé une levée de boucliers contre la radio de Constantine “Cirta FM”.
Une campagne menée par des internautes, visiblement, à l’affût de “dérives” potentielles telle que qualifiée par ces nouveaux “vigiles de la conscience”. L’obédience islamiste qui transparaissait dans la majorité des commentaires révèlent, en effet, un caractère inquisiteur. Jingle bells (Vive le vent dans son adaptation française) chantée par les stars de la musique universelle, à l’instar de Franck Sinatra, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong ou encore Elvis Presley, aura été donc à l’origine de cet épisode malencontreux que vient de vivre la Radio nationale. Fairouz qui a adapté les paroles de la chanson à la même thématique sous le titre Leïlat aïd (Nuit de fête) parlant de Noël était portée pourtant sur la liste blanche des interprètes de la Radio nationale. Qu’est-ce qui a donc motivé la sanction de Mourad Boukerzaza, Nadia Chouf qui a subi la peine d’interdiction d’antenne bien que son contrat soit toujours en vigueur ? À vrai dire, il s’agirait de l’animateur attitré de l’émission, lequel n’aurait pas de convention justifiant sa collaboration avec “Cirta FM”. Un technicien et un réalisateur ont également été destinataires de questionnaires au même motif et attendent encore la décision de leur hiérarchie.
Le directeur général de la Radio nationale Mohamed Beghali, qui a animé, samedi passé, une rencontre du directeur de la radio nationale et ceux des radios régionales sous le thème “Les règles de la performance des médias dans l'accompagnement des échéances électorales : cas type, les locales du 27 novembre 2021”, a attendu le retour de Mourad Boukerzaza à Constantine pour lui signifier sa suspension. Dès lors, l’affaire prend des allures de scandale devant l’abondance des motions de soutien et témoignages de solidarité avec le directeur et l’animatrice de la radio de Constantine. La radio nationale finira néanmoins par communiquer.
Kamel Ghimouze