L’équilibre des finances publiques nécessite des niveaux de prix du pétrole dépassant largement les 100 dollars.
La hausse spectaculaire des prix du pétrole, bien que porteuse de surplus financiers plus qu’appréciables pour l’Algérie, reste encore loin d’atteindre le niveau idéal pour induire un retour à l’équilibre du budget de l’État.
De fait, les plus-values attendues de la récente amélioration de la conjoncture pétrolière ne peuvent représenter, jusqu’ici, que de simples différentiels de recettes entre ce qui était initialement projeté à fin 2021 et les revenus à escompter d’un baril désormais deux fois plus cher que ce que prévoit la loi de finances.
En termes plus clairs, s’ils devaient être effectivement beaucoup plus conséquents qu’attendu, les revenus pétroliers de l’Algérie n’atteindraient pas, pour autant, un niveau suffisant pour rééquilibrer les finances internes. Encore moins pour dégager de réels excédents financiers par rapport au rythme actuel de la dépense publique.
Rapportées au cours de référence du pétrole de 45 dollars le baril sur lequel est basée la loi de finances 2022, les recettes budgétaires du pays devraient logiquement doubler, si le prix du brut continuait à se maintenir à son niveau actuel de 90 à 100 dollars.
Considérés, en revanche, sous l’angle du déficit budgétaire autorisé pour l’exercice en cours – un niveau important de plus de 18% du PIB –, les surplus de revenus à prévoir risquent de ne pas suffire pour combler l’écart entre les recettes et les dépenses réelles de l’État.
Aussi, comme l’anticipent la plupart des estimations émanant notamment d’institutions financières comme le FMI, l’équilibre du budget de l’État en Algérie nécessiterait des niveaux de prix de pétrole dépassant largement ceux observés actuellement. Et ce, dès lors que les déficits publics ne sont pas suffisamment maîtrisés.
En ce sens, nous explique l’économiste Brahim Guendouzi, “la loi de finances 2022 étant élaborée sur la base d’un prix du pétrole de référence de 45 dollars, il sera fort probable qu’il y ait une redynamisation du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui est un compte ouvert auprès du Trésor public”.
Ce Fonds étant conçu pour accueillir de potentielles plus-values en cas de hausse des prix du brut, Brahim Guendouzi souligne que son solde attendu à fin 2022 “va probablement servir à compenser l’important déficit budgétaire et à imprimer peut-être une nouvelle dynamique dans les finances publiques”.
Plus concrètement, précise encore le professeur d’économie, “c’est la fiscalité pétrolière qui sera en hausse, permettant ainsi une élévation appréciable des recettes budgétaires normalement suffisantes pour s’ajuster à l’actuel niveau des dépenses publiques”.
À moyen terme, conclut notre interlocuteur, “les pouvoirs publics, ayant appris logiquement la leçon consistant à faire très attention au retournement du marché pétrolier, devraient insuffler une nouvelle politique budgétaire à même de garantir un retour à une croissance vigoureuse sans compromettre les équilibres macroéconomiques”.
En somme, en l’état actuel des déficits publics, l’amélioration, certes très significative, des cours pétroliers mondiaux ne pourrait suffire à elle seule à garantir un rééquilibrage soutenu des finances de l’État.
Une politique budgétaire disciplinée et plus rigoureuse reste nécessaire pour garantir une allocation transparente et efficiente de l’argent du pétrole, notamment pour soutenir l’investissement et l’emploi.
Akli REZOUALI