Cela fait trente ans que l’Algérie a connu la première et dernière opération de désobéissance civile. Organisée par le Front islamique du salut (FIS dissous) qui voulait ainsi s’imposer, par la force à la classe politique nationale, cette action a été l’un des actes fondateurs qui entraîneront plus tard le pays dans une violence extrême. C’est pour mettre la lumière sur cette période tumultueuse de l’Histoire récente du pays que le journaliste Amer Ouali a repris ses “archives” journalistiques pour nous rappeler ce “coup d’éclat” qui a failli emporter le jeune pays qui n’avait pas encore célébré le trentième anniversaire de son indépendance. Par ordre chronologique, celui qui était alors journaliste à l’Agence France presse (AFP), a restitué les évènements qui ont marqué le pays au début des années 1990.
Dans ce livre préfacé par notre collègue Mustapha Hammouche, l’auteur nous replonge, en utilisant les comptes-rendus de la presse de l’époque, dans l’atmosphère d’une période où le FIS, alors au faîte de sa puissance, a failli renverser l’État pour instaurer une République islamique. Par le discours, mais aussi par des actes, le FIS a peu à peu dévoilé sa nature d’un parti qui, non seulement ne reconnaît à la démocratie -considérée comme lubie de l’Occident- que l’escarbot électoral qui pouvait lui permettre d’arriver au pouvoir, mais qu’il portait des germes de la violence bien avant l’arrêt du processus électoral en janvier 1992.
Pour illustrer ces faits, l’auteur replonge dans la littérature extrêmement belliqueuse des dirigeants du parti qui n’hésitaient pas à brandir le glaive du jihad contre l’État et plus particulièrement l’armée. Cette littérature guerrière n’était pas destinée uniquement à haranguer des foules particulièrement réceptives à la rhétorique religieuse et à tout ce qui pouvait symboliser une opposition radicale au pouvoir du parti unique. Elle figurait même dans les manuels et programmes du parti dominé par une idéologie salafiste violente. En vérité, le “Front islamique du salut”(FIS) n’a jamais fait mystère de sa violence potentielle”, écrit Mustapha Hammouche dans la préface. Dans son projet de programme officiel déposé pour l’obtention de son agrément, il expliquait ainsi son objectif : offrir “un substitut global à tous les problèmes idéologiques, politiques, économiques et sociaux dans le cadre de l’Islam, selon les préceptes du Coran et de la Sunna”, rappelle l’auteur.
Ali Boukhlef
Amer Ouali. Le coup d’éclat-De la naissance du FIS
aux législatives avortées de 1991. 282 pages.
Éditions Frantz-Fanon. Boumerdès.