La loi condamnant les violences faites aux femmes, adoptée en 2015, est restée en grande partie inefficace en raison de l’absence des mesures d’accompagnement et des modalités de son application.
L’ONG Amnesty International a appelé, hier, les autorités algériennes à “agir de toute urgence pour mettre fin aux féminicides”, qui prennent ces dernières années des proportions alarmantes dans le pays.
L’ONG, qui rendait public un communiqué à la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, a noté que depuis le début de l’année 2021, le site “Féminicides Algérie” a recensé au moins 49 féminicides, contre 54 durant l’année 2020.
Des chiffres, souligne l’organisation, qui “sont largement en dessous de la réalité, selon les organisations de défense des droits des femmes, car ils représentent seulement le nombre de cas qui ont pu être recensés”.
Cependant, AI relève que “malgré l’horreur de ces crimes et la mobilisation d’associations, d’artistes ou de l’opinion publique durant toute l’année, les autorités algériennes n’ont pas condamné publiquement ces féminicides, assassinats de femmes au simple motif qu’elles sont des femmes”.
Ce pourquoi, Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, juge “urgent, au vu de la gravité de la situation, que le gouvernement protège les femmes et s’engage à prendre toutes les mesures pour mettre fin à ces féminicides”.
En demandant ainsi aux autorités algériennes de “s’assurer que les responsables présumés des féminicides et de toutes les autres formes de violences contre les femmes soient traduits en justice”, l’ONG appelle également à “prendre les mesures nécessaires pour permettre aux femmes victimes de violences d’accéder à la justice en toute sécurité, de bénéficier d’hébergements adaptés, d’une aide psychosociale et d’un soutien juridique”.
Sur ce chapitre, il y a lieu de rappeler que la loi condamnant les violences faites aux femmes, adoptée en 2015 après un blocage de plusieurs mois au Parlement, est restée en grande partie inefficace en raison de l’absence des mesures d’accompagnement et des modalités de son application.
Pour preuve, le pays ne dispose que de cinq centres d’accueil pour les femmes victimes de violences, majoritairement concentrés à Alger et qui ne sont pas adaptés. Tous ces centres n’accueillent pas les victimes avec leurs enfants.
Et lorsqu’elles sont admises, elles sont interdites de sortie et leurs téléphones portables confisqués. Autant de raisons qui font qu’Amnesty International “demande aux autorités algériennes d’adopter une approche globale pour lutter de manière efficace contre toutes les formes de violences à l’encontre des femmes, approche qui, jusqu’à maintenant, est restée fragmentaire et symbolique”.
Hassina Oussedik s’interroge, d’ailleurs, sur “l’absence de campagnes de sensibilisation contre les violences à l’encontre des femmes, alors que les autorités algériennes mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation sur diverses thématiques (anti-Covid-19, accidents de la route, tabagisme…)”.
Mehdi MEHENNI