Des Gens et des Faits 94e partie

LA BOURGEOISE

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Yasmina HANANE Publié 04 Avril 2022 à 12:00

Résumé : Mordjana est offusquée par le comportement de sa mère et lui demande de quitter les lieux. La scène tourne au vinaigre. Samir vient de terminer son récit. Ilhem est scandalisée par ce qu’elle vient d’entendre. Elle ne comprend pas que son ami veuille encore rester avec Mordjana. Elle l’aime toujours et espère renouer avec lui.

Elle soupire et lance d’un air las :
- Mais moi, je t’aime toujours, Samir. Je t’aime au point où je perds le sommeil et l’appétit. Je n’ai plus envie de vivre depuis que tu m’as quittée.
- J’ai tenté de garder le contact avec toi, mais tu ne voulais rien savoir. Malgré tout, je demeure cet ami fidèle sur qui tu peux compter.
- Un ami ?
Cette fois, des larmes se déversent sur son visage. La fontaine de son âme a déjà débordé sur son cœur, et elle s’interdit tout refoulement. Elle ne peut plus prendre sur elle-même et cacher trop longtemps son
chagrin.
Samir détourne son regard. Il a trop mal, lui aussi. Ses sentiments pour Ilhem n’ont jamais été aussi forts. Il ne l’a jamais oubliée. Elle dormait plutôt au fond de son âme et maintenant elle se réveille pour le torturer davantage.
Il met une main sur son bras.
- Cesse donc de pleurer, Ilhem. Je suis là devant toi, et le monde ne compte plus.
Elle prend un mouchoir et se mouche.
- C’est injuste ce qui nous arrive, Samir.
- Je le sais. On n’y peut rien. J’aime Mordjana et je… je t’aime aussi.
Elle relève la tête.
- C’est vrai ? Tu m’aimes encore, Samir ?
- Je n’ai jamais cessé de t’aimer, si tu veux le savoir.
Elle sourit à travers ses larmes, et il sent son cœur fondre devant ce joli minois qu’il n’a jamais pu effacer de sa mémoire.
- Oh ! Samir. Oh ! mon chéri.
Il met sa main sur la sienne.
- Allez, maintenant sèche tes larmes et mange.
Il se rend soudain compte qu’ils ont tous les deux oublié leur repas. Leurs plats sont froids et bien sûr immangeables.
Il hèle un serveur et passe une autre commande. Ilhem le regarde faire sans prononcer un mot. Elle craint que le bonheur qu’elle ressent auprès de lui ne s’évapore ou ne l’étouffe. Sa gorge est sèche, et son cœur cogne dans tout son être. Samir lui verse un peu d’eau. Elle en boit une gorgée et redépose son verre sans cesser de le fixer.
Il ébauche un sourire :
- Tu sembles désorientée et confuse.
Elle secoue la tête.
- Plutôt émue. Je n’arrive pas encore à réaliser que je suis là devant toi et que tu viens de me confirmer que tes sentiments n’ont jamais changé à mon égard.
- Oui, mais cela ne veut pas dire non plus que nous allons reprendre notre relation. Je suis marié, Ilhem. Ne l’oublie pas.
Elle baisse les yeux.
- Je ne pourrai pas l’oublier. Cependant, je... j’aimerais garder le contact avec toi.
Il opine du chef.
- Je n’y vois aucun inconvénient, si tu apprends à contrôler tes sentiments et à accepter ma situation.
- Tu sais bien que les sentiments ne se contrôlent pas, Samir. Mais je sais garder mes distances. Je comprends amplement tes réticences et tes appréhensions. Je ne vais pas m’immiscer dans ta vie conjugale, ni te créer des aléas.
Elle soupire.
- Je te retrouve à peine, que me voici contrainte de te perdre encore une fois. Pourquoi est-ce aussi compliqué pour nous ?
- Parce que tout a changé dans ma vie, Ilhem, et contre ma volonté.
- Même si cela me paraît impossible aujourd’hui, je suis sûre que tu aimerais, toi aussi, replonger dans les souvenirs du passé.
Elle met une main sur son bras.
- Ne t’inquiète pas, je ne prendrai pas beaucoup de ton temps ni trop de place dans ta vie. Accorde-moi tes faveurs de temps à autre. Quelques heures de bonheur. Une bouffée d’oxygène pour mon cœur meurtri. Je me sens si seule, si abandonnée.
On vient les servir et, durant quelques minutes, ils mangent en silence. Ilhem n’a pas très faim et se contente de mâcher sa nourriture machinalement. Samir non plus ne semble pas pressé de terminer le contenu de son assiette.
Il dépose sa fourchette et demande :
- N’avais-tu pas prévu de partir à l’étranger ?

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