L’Actualité AU LENDEMAIN DES DERNIÈRES LIBÉRATIONS DE HIRAKISTES

Le coup de gueule du président du Syndicat des magistrats

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Arab CHIH Publié 02 Avril 2022 à 12:00

© Archives Liberté
© Archives Liberté

Le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Issâad Mabrouk, vient de jeter un pavé dans la mare de la justice : dans un post publié jeudi 31 mars sur sa page Facebook, le magistrat s’est fendu d’un commentaire, pour le moins acerbe, sur les libérations de détenus opérées ces derniers jours par les autorités judiciaires.

“Emprisonner des personnes sans justifications solides est injuste et arbitraire. Et la libération d’un détenu selon le bon vouloir (…) ou pour répondre à un vœu écorne davantage l’image de la justice”, a-t-il écrit.

À suivre le raisonnement du président du SNM, beaucoup de détenus auraient été injustement emprisonnés, comme n’ont cessé de le dénoncer nombre d’acteurs politiques et de la société civile, mais aussi des ONG internationales. Cette sortie qui, pour le moins, est singulière de la part de ce magistrat et pour lequel, à bien des égards, s’apparente à une remise en cause de la justesse des décisions prises par certains de ses pairs à l’encontre de nombre de hirakistes traînés devant les tribunaux avant d’être jetés en prison.

Ce qui ne manquera certainement pas de ternir l’image déjà écornée de la justice algérienne. Il faut dire que ces critiques ne sont pas les premières du genre pour le président du SNM lequel, à la mi-février dernier, s’était distingué par une autre sortie en sonnant la charge contre le ministre de la Justice qu’il accusait d’avoir concocté dans des “cabinets noirs” un nouveau statut des magistrats sans tenir aucunement compte des aspirations des juges.

Début mai 2020 déjà, Issâad Mabrouk n’avait pas hésité à exprimer, dans un entretien accordé à El Khabar, son opposition à la procédure du mandat de dépôt ordonné à l’encontre des détenus d’opinion et politiques. “La loi est très claire concernant le mandat de dépôt, il s’agit d’une mesure exceptionnelle en vertu de l’article 123 du code de procédure pénale.

À la base, l’accusé reste libre pendant les procédures d’enquête judiciaire, mais la pratique montre un certain ressentiment exprimé, en particulier de la part de la défense, dans certaines affaires”, avait-il soutenu, non sans rendre les juges “responsables des ordonnances qu’ils rendent”. “Ils doivent respecter la loi dans la lettre et l’esprit (…)”, avait-il asséné.

Cela dit, d’aucuns vont, peut-être, reprocher au président du SNM sa réaction, quelque peu tardive, à l’épreuve carcérale infligée à nombre de jeunes Algériens, mais aussi à leurs familles.

Car sa dénonciation, au moment voulu, des emprisonnements “sans justifications solides” de militants hirakistes, aurait pu, peut-être, influer la machine judiciaire mise alors en branle et éviter bien des souffrances à certains détenus.

D’autres auraient préféré qu’Issâad Mabrouk s’exprime non pas en son nom personnel, mais en celui de son syndicat, pour que cette nouvelle charge contre certains de ses pairs ait beaucoup plus d’impact et de sens.

A. C.

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