La sortie est impromptue mais préparée par le président français, Emmanuel Macron, accompagné d’un panel de jeunes venus de divers horizons avec, selon les recommandations de ses conseillers en communication politique, une attache, quel que soit son ancrage avec l’Algérie. Un pays si proche mais si lointain par les lectures que les uns et les autres font de cette colonisation de plus d’un siècle. À chacun son bilan. Le président Macron parle d’une rente mémorielle, l’Algérie, en tant que nation, répond que cela relève d’une colonisation de peuplement précédée par une politique de déracinement et de destruction massive des structures qui géraient la cité.
Elle intervient après la reconnaissance et la repentance faites aux harkis dont il ne reste que quelques dizaines en vie et que l’on a exhibées comme on le fait encore pour “les poilus” de la grande guerre et ce, pour récupérer environ 400 000 électeurs pour la prochaine présidentielle en France. Cette opération tardive de demande de pardon envers cette population emprisonnée dans des réserves, pour ne pas dire dans des prisons à ciel ouvert, est strictement franco-française. Mais de là à impliquer des jeunes qui n’ont comme lien d’attache que celui de se trouver en France ne peuvent, en aucun cas, être les témoins à décharge devant un tribunal.
Tout cela pour dire que la politique française, surtout à l’approche des élections primordiales, comme la présidentielle, utilise toutes les cartes possibles pour attirer un électorat divisé entre la droite et l’extrême droite. Et comme en France, en ce moment, tous les regards sont tournés vers cette échéance, tous les coups sont permis jusqu’à renier la qualité des relations avec un partenaire d’exception au sud de la Méditerranée, la porte sublime de l’Afrique, l’Algérie.
Du côté d’Alger qui a réagi, il lui revient de gérer ces jeunes qui migrent au quotidien par dizaines et qui affluent vers des pays avec lesquels nous avons une passerelle qui est cette Méditerranée. Pourquoi partent-ils avec femmes et enfants ? La question mérite d’être posée. Avec le contentieux mémoriel, c’est tout l’imbroglio d’une relation complexe et compliquée entre les deux pays.